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TÉMOIGNAGES

LE DOUBLE DIPLÔME
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Le bicursus en France

TÉMOIGNAGES

Lorsqu'il s'agit de concevoir des bâtiments et des infrastructures alliant une esthétique remarquable et une fonctionnalité technique optimale, l'alliance entre l'architecture et l'ingénierie est essentielle. Les architectes apportent leur créativité et leur expérience en matière de synthèse, tandis que les ingénieurs contribuent avec leur expertise à la fiabilité technique de l’ouvrage. Toutefois, de plus en plus de professionnels choisissent aujourd'hui de suivre une double formation en architecture et en ingénierie, combinant ainsi un regard expert sur ces deux domaines complémentaires. Cette combinaison unique de compétences permet d'aborder les projets de manière holistique et de trouver des solutions innovantes aux défis complexes du monde de la construction.

L’association AAIIA s’est donnée comme mission de documenter cette double formation, afin d’en avertir les richesses mais également les enjeux. Démêler le vrai du mythe sur cet acteur intriguant du projet de construction, l’architecte-ingénieur ou l’ingénieur-architecte, passe par la découverte des très nombreux métiers qu’il occupe, qui sont souvent inconnus du grand public. Cet article vise ainsi à éclairer les lycéens et étudiants qui souhaiteraient prendre le chemin passionnant d’un double diplôme architecte-ingénieur ou ingénieur-architecte, à l’aide de témoignages récoltés auprès de professionnels doublement diplômés et d’étudiants. Nous essaierons de renseigner sur les études, ainsi que sur la réalité d’un(e) architecte-ingénieur(e). Pourquoi choisir cette double formation ? Est-ce que ce temps d’étude si long vaut vraiment le coup dans la vie professionnelle ? Devient-on un demi-architecte, un demi-ingénieur ? Ou à l’inverse est-il possible de maîtriser l’ensemble des expertises d’un projet de construction ? 

Les témoignages recueillis montrent que la double-formation attire surtout pour la pluridisciplinarité importante qu’elle propose. La majorité des personnes interrogées étaient des profils lycéens scientifiques qui souhaitaient élargir leurs études d’ingénieurs au champ culturellement riche de l’architecture, à cette matière du sensible et de l’art dont l’ouverture leur manque en école d’ingénieur. Les autres sont attirés profondément par l’architecture mais ne souhaitent pas risquer la perte des matières scientifiques qui leur réussissent, le double diplôme se présente alors comme un compromis idéal et assez riche pour garder un maximum de portes ouvertes sur le monde de la construction.

« Je me suis passionné pour l'architecture lors de ma formation d'ingénieur. Je cherchais à évoluer dans un champ professionnel permettant une grande ouverture culturelle, et notamment un rapport différent à l'art, à la création, au sensible, mais également à la société et à l'aménagement du territoire »
 

Adrien PAPORELLO, associé chez AIA Life Designers, diplômé de l’Ecole Centrale Paris et de Politecnico Milan - 04/09/21

Comment sont pratiquées et ressenties ces études ambitieuses ? Allier architecture et ingénierie est-il un privilège donné uniquement aux personnes très compétentes dans les disciplines mathématiques, ou est-ce que la double formation est accessible à tout.e étudiant.e motivé.e ?

 

Il faut tout d’abord savoir que les passerelles et possibilités d’accès à ces études sont variées, les écoles nombreuses et il n’est pas du tout obligatoire de passer par une CPGE pour intégrer les doubles formations. Si ce choix est favorable à l’entrée dans les meilleures écoles d’ingénieurs, et au fait de garder un champ libre à toutes les orientations possibles deux ans de plus après le bac, il n’est pas le meilleur moyen d’accéder au double cursus architecte-ingénieur. Les prépa intégrées aux grandes écoles sont les plus nombreuses et les plus accessibles dans le domaine et il est autant possible d’entrer par la voie de l’architecture. 

« Cette double formation, même si elle est exigeante, est extrêmement enrichissante ! Mais avant de foncer, je recommanderais de se renseigner sur les différentes formations qui existent et sur leurs spécificités tant dans le contenu que dans le mode de formation proposé. De plus en plus d’écoles proposent des doubles diplômes, chacune à leur façon, il ne reste plus qu’à trouver celle qui semble la plus adaptée à son profil »

Adrien Lehalle, EGIS Conseil, diplômé de l’ENSA Strasbourg et de l’EIVP

- 21/04/2023 

L'un des obstacles couramment mentionnés dans les témoignages est la charge de travail accrue. Les études combinées en architecture et en ingénierie exigent un investissement en temps et en énergie plus important, car les étudiants doivent maîtriser les deux domaines simultanément. Cela requiert une grande discipline et une gestion efficace du temps pour réussir à mener à bien toutes les tâches académiques et les projets pratiques.

« A quelqu'un qui s'interroge à la fin de son lycée, et notamment à un étudiant qui est passionné par l'architecture tout en étant, personnellement ou familialement, plutôt enclin à suivre des études scientifiques, je dirais que c'est une excellente formation, surtout s'il a une grande capacité de travail. Il n'y a rien à y perdre, et beaucoup à y gagner. A quelqu'un qui a déjà un diplôme, ou qui a la possibilité de bénéficier d'une passerelle en cours d'étude, je dirais qu'il faut bien évaluer sa capacité à se remettre en cause, à sortir de sa zone de confort, à retarder son entrée sur le marché du travail. C'est un challenge, mais le jeu en vaut la chandelle sur le long terme. »

Adrien PAPORELLO, associé chez AIA Life Designers, diplômé de l’Ecole Centrale Paris et de Politecnico Milan - 04/09/21

Thierry Law-hine, revenu d’une mission de solidarité internationale et Théo Pagnon travaillant dans la grande agence de feu Richard Rogers, interrogés lors d’une table ronde organisée par l’association, soulignent tous les deux qu’en général, à l’international les rôles de l'architecte et de l'ingénieur sont moins distincts qu'en France. C’est pourquoi le double-diplôme est énormément valorisé à l’étranger :

« Le fait d’être architecte ingénieur m’a je pense beaucoup aidé : culturellement, les anglo-saxons ont une formation d’architecte qui est beaucoup plus technique qu’en France »

Théo Pagnon, associé chez RSHP, diplômé de l’ENSAPLV et de l’ESTP - 21/04/2023

« Dans les pays en développement, les casquettes ne sont pas aussi bien différenciées qu’en France […] La casquette d’ingénieur a été beaucoup plus facile à valoriser dans les entretiens d’embauche, les ONG n’identifient pas forcément la plus-value d’un architecte, même s’il y a beaucoup de mythe autour […] Mais tous les jours j’arrivais à porter cette vision d’architecte en plus de la para-ingénierie (gestion de projet, budget…) et ingénierie qu’on pouvait attendre de moi dans le métier » 

Thierry Law-Hine, diplômé de l’ENSAL et de Centrale Lyon - 21/04/2023

Ainsi les étudiants ayant choisi le double cursus trouvent leur mobilité internationale énormément facilitée, que ce soit pendant les études ou après. La multiplicité des compétences confère une grande capacité d’adaptation, que ce soit à l’étranger ou en France, l’architecte-ingénieur est capable de se forger une expérience dans tous les domaines de la construction. En maîtrise d’ouvrage, en conduite de travaux, en bureau d’études techniques, en agence d’architecture, etc, on peut le retrouver épanoui dans n’importe quelle activité.

 

Ainsi après avoir exposé les études doubles en ingénierie et architecture, la suite de cet article mettra en jeu les témoignages des professionnels abordés par l’association qui concernent cette place multiple qu’occupent les doubles diplômés après les études. Quels sont les atouts concrets de cette formation dans l’exercice du métier ? Peut-on vraiment parler d’un métier au singulier ? Quelles sont les perspectives d’évolution et de carrière pour un architecte-ingénieur ? Sont-elles accrues ou diminuées ? Comment entre-t-on dans le métier ?

Les témoignages recueillis mettent en évidence les nombreuses opportunités et récompenses offertes par une double formation en architecture et en ingénierie. Le premier atout qu’elle confère est celui du dialogue. Quelque soit l’activité dans laquelle son travail s'inscrit, l’architecte-ingénieur(e) a indéniablement des clés supplémentaires pour jeter un regard critique et avisé sur l’ensemble des problématiques du projet. 

« J'ai travaillé comme maître d'œuvre d'exécution (MOE) avant d'entamer mon doctorat. En tant que MOE, la double casquette architecte et ingénieur m'a permis d'échanger sur un pied d'égalité avec les différents interlocuteurs du chantier, tout en saisissant la dimension spatiale des problèmes constructifs que nous rencontrions. Cette compréhension m'a été particulièrement utile dans mes échanges avec les entreprises, qui avancent souvent des arguments techniques d'une validité douteuse pour masquer des choix économiques »

Bernard Guelle Gabriel, ENSA Normandie, Laboratoire ATE, doctorant

- 04/03/21

« Elle m'a été utile tout au long de mes différentes expériences professionnelles car elle m'a permis de faire preuve d'"empathie professionnelle". Cette formation permet de passer successivement (ou simultanément, maintenant) par deux regards différents sur une problématique. Ce décalage de vision permet une meilleure compréhension des enjeux des projets. Elle permet une vision de synthèse de problématiques souvent difficilement conciliables, et de trouver des solutions à beaucoup de problèmes. C'est une formation exigeante et sélective. Elle forme donc à analyser des situations complexes et à proposer des solutions innovantes. Accessoirement elle a été pour moi un accélérateur de carrière au sein d'un groupe de maitrise d'oeuvre dont la transversalité est le leitmotiv» 

Thierry Law-Hine, diplômé de l’ENSAL et de Centrale Lyon - 21/04/2023

Grâce à cette vision transverse, les diplômés peuvent occuper des postes clé dans des projets de grande envergure. Leur polyvalence leur permet d'apporter une perspective unique, tant sur le plan esthétique que sur le plan technique, et de résoudre des problèmes complexes de manière créative et innovante. Cependant il ne s’agit pas de la capacité à s’accaparer un projet et de piétiner les autres expertises comme le souligne Mathilde Lépine : “un projet de construction reste le dialogue de dizaines, parfois centaines d’acteurs apportant chacun leur pierre à l’édifice, et chacun étant un chef d’orchestre pour d’autres. L’avantage du double diplôme est celui de conserver le choix de se positionner à peu près où l’on veut dans cette fourmilière constructrice d’ouvrages. C’est également la question de la légitimité que doit se poser tout architecte-ingénieur entrant dans un projet ; architecte ou ingénieur, le but est de se sentir légitime autant avec une casquette qu’avec l’autre.”

« Un des atouts d’avoir cette double formation c’est l’ouverture qu’on a sur d’autres compétences, pas du tout de savoir tout faire, car cela n’existe pas. […] En tant qu’archi, on assemble tout une expertise, tout plein de thématiques de différents bureaux d’étude, on apprend beaucoup. Avoir la double formation cela nous permet un dialogue assez fourni, de ne pas avoir peur de re-questionner certaines choses avec ces expertises là […]. Il faut se rassurer, il y a un peu un vertige des possibles face à l’étendue des compétences que requièrent un projet de construction. On ne fait rien tout seul, on n’agglomère pas toutes ces expertises, mais dans chaque parcours vous trouverez une richesse, qui s’ajoutera à votre double vision »

Mathilde Lepine, AREP, direction de l’ingénierie, diplômée de l’École Centrale Paris et l’ENSA Marne la Vallée -  21/04/2023

Un des enjeux dans le secteur de la construction est celui de l’évolution de carrière. Lorsqu’un jeune diplômé a une certaine agilité au commencement de l’exercice de son activité, il en est tout autre passé un certain âge. L’enjeu est double pour une personne doublement diplômée, c’est ce qu’explique Bérangère Krenc : “même si cela reste une force de la formation, il n’est pas toujours aussi aisé pour  architecte-ingénieur de passer de l’architecture à l’ingénierie de manière complètement radicale.”

« Il y a des passerelles qui sont moins évidentes que d’autres, notamment pour des choses très techniques (bureau d’études par exemple). Il y a quand même une continuité du cursus, donc quand on a pas exercé cela pendant des années… Quand on avance en âge il faut savoir justifier une certaine expérience, c’est ce que recherchent les entreprises, contrairement aux profils de jeunes diplômés que l’on accepte de former »

Bérangère Krenc, associée chez CORELO, exerçant la maîtrise d’œuvre d’exécution, diplômée de l’ENSA Paris La Villette et de l’ESTP - 21/04/2023

Les diplômés de doubles formations doivent également faire face à la nécessité de rester constamment à jour dans deux domaines en évolution rapide. L'architecture et l'ingénierie sont des disciplines qui connaissent des avancées technologiques rapides et des changements de normes. Il est donc crucial pour ces professionnels de se tenir informés des dernières tendances et des nouvelles méthodes de conception et de construction. Cela peut représenter un défi supplémentaire en termes de formation continue et de développement professionnel.

FAQ

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L’association AAIIA souhaite penser et encourager la culture de la transversalité entre ingénieurs et architectes.

Son action s’organise autour de trois axes :

  • interroger les synergies entre les métiers de l’architecture et de l'ingénierie,

  • favoriser le partage entre acteurs de la construction, promouvoir la double compétence

  • mettre en relation les titulaires de la double formation. Dans ce but, l’association organise des événements variés.

 

Ils permettent aux étudiants et diplômés à la fois architectes et ingénieurs de toutes promotions, écoles et nationalités confondues, d’échanger sur ces sujets.

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